mercredi 11 avril 2012

L'Art

Presque unanimement, ses partisans, détracteurs, conviennent “que c’est parlant”.
Mais, elle en vient à se demander quelles sont les idiosyncrasies manifestes de ce qui “parle”, ou de ce qui est “vivant” au juste?
Certes, avec une certaine maestria, on accède au mouvement, à une forme d’éloquence. Parfois l’enthousiasme parait transcender la vie même dans ses envolées, ses réalisations, parfois par des discordances accidentées, des gracieusetés, de petits prodiges en somme.
Mais la vraie vie a une substance toute autre, particulière, qui tient dans sa définition de longévité, de continuité dans le temps. Née d’une éruption qui se perpétue, elle progresse sereinement, insensiblement, “annuntiabant dominum“.
De facto, l’existence n’est pas comme celle d’une comédie en cinq actes, mais plus évidemment dans une évolution, volontiers prodigieuse, dans le délicat cheminement vers l’unité de l’esprit.
Donc, si la plus sévère Aristarque jugeait l’ensemble de sa création, elle ne devrait pas négliger ce concordat de l’existence. Car cette œuvre n’a jamais été et ne sera jamais bâclée, simplement parfois surprenante, dans son initiation comme dans son expression. Elle a tout au moins le mérite de la persévérance et de la passion. Du premier au dernier dessin, la démarche est identique. Ce qui est classique dans cet art de longue haleine ou la forme et la couleur se soutiennent, c’est d’y retrouver les mêmes qualités, les mêmes défauts, amoindris ou sublimés suivant l’instant. Mais si ceux-ci disparaissaient, l’œuvre deviendrait hétérogène sûrement, mais également discolore, elle perdrait son cadratin. Telle qu’elle il vaut mieux qu’elle demeure, diatonique et d’un ensemble éloquent.
Car l’Art, ce maître, ce tyran, n’est autre que le point de vue exclusif et systématique de la perpétuité de ce que l’on produit. Ce qui fait, en vérité, la beauté d’une œuvre, c’est que de ce principe qui pourrait sembler fataliste, on peut pourtant entendre respirer en dessous un cœur ému par cette force fatale, l’invasion  plénière de la loi et de l’aleph de la liberté de création.

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