Presque unanimement, ses partisans, détracteurs, conviennent “que c’est parlant”.
Mais,
elle en vient à se demander quelles sont les idiosyncrasies manifestes
de ce qui “parle”, ou de ce qui est “vivant” au juste?
Certes,
avec une certaine maestria, on accède au mouvement, à une forme
d’éloquence. Parfois l’enthousiasme parait transcender la vie même dans
ses envolées, ses réalisations, parfois par des discordances
accidentées, des gracieusetés, de petits prodiges en somme.
Mais
la vraie vie a une substance toute autre, particulière, qui tient dans
sa définition de longévité, de continuité dans le temps. Née d’une
éruption qui se perpétue, elle progresse sereinement, insensiblement, “annuntiabant dominum“.
De
facto, l’existence n’est pas comme celle d’une comédie en cinq actes,
mais plus évidemment dans une évolution, volontiers prodigieuse, dans le
délicat cheminement vers l’unité de l’esprit.
Donc, si la plus
sévère Aristarque jugeait l’ensemble de sa création, elle ne devrait pas
négliger ce concordat de l’existence. Car cette œuvre n’a jamais été et
ne sera jamais bâclée, simplement parfois surprenante, dans son
initiation comme dans son expression. Elle a tout au moins le mérite de
la persévérance et de la passion. Du premier au dernier dessin, la
démarche est identique. Ce qui est classique dans cet art de longue
haleine ou la forme et la couleur se soutiennent, c’est d’y retrouver
les mêmes qualités, les mêmes défauts, amoindris ou sublimés suivant
l’instant. Mais si ceux-ci disparaissaient, l’œuvre deviendrait
hétérogène sûrement, mais également discolore, elle perdrait son
cadratin. Telle qu’elle il vaut mieux qu’elle demeure, diatonique et
d’un ensemble éloquent.
Car l’Art, ce maître, ce tyran, n’est
autre que le point de vue exclusif et systématique de la perpétuité de
ce que l’on produit. Ce qui fait, en vérité, la beauté d’une œuvre,
c’est que de ce principe qui pourrait sembler fataliste, on peut
pourtant entendre respirer en dessous un cœur ému par cette force
fatale, l’invasion plénière de la loi et de l’aleph de la liberté de
création.
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