Once upon a time….
La légende de Romulus et Remus ou la fondation de Rome.
Voici
bien une histoire que l’on pense tous connaître. Qui n’a jamais entendu
parler de Romulus et Remus ? Bien peu d’entre nous, je ne pense pas
m’avancer.
Seulement… est-on, aujourd’hui encore, capables de
faire la part des choses entre la base légendaire et le fait
historique ? Il s’avère que non.
Dans l’état actuel, nos
chercheurs et archéologues sont partis d’une adéquation bien connue du
monde de la recherche : Nous sommes incapables de réfuter ou affirmer la
véracité d’un fait ? Eh bien tenons le pour établi et voyons si au fil
des découvertes les nouveaux éléments le dénient ou le confirment.
C’est ainsi qu’au sujet de la fondation de Rome nous continuons à nous baser sur le récit de Tite-Live entre -57 et -17.
Mais voyons ce que nous conte l’ Ab Urbe condita (Depuis la fondation de la ville)…
Dans
l’antiquité, il se dit que deux personnages, Romulus et Remus de leurs
patronymes, sont en fait les fils du dieu Mars et de la vestale Rhéa
Silvia.
Cette dernière n’est autre que la fille du roi Numitor et la petite-fille du roi Procas .
Son oncle se nomme Amulius. Jusque là vous devriez suivre ^^
Un beau jour, Amulius s’empare du trône de Numitor par la force. Certainement rendu cupide par son état de cadet.
Dès
lors il dévoue la jeune Rhéa Silvia au destin de vestale, afin d’être
certain que celle-ci ne mettra jamais au monde de descendance mâle
pouvant prétendre au trône et par le même temps fait occire tout la
descendance masculine de son frère Numitor. Ça, c’est fait. Ils ne
plaisantaient pas à l’époque^^ .
Certes ces faits peuvent nous
paraître choquants voire même difficilement crédibles, mais cela l’est
bien moins si nous nous rappelons que le principe contraceptif de la
Rome antique est similaire: On ne garde qu’une fille par famille,
celles-ci étant considérées comme improductives, quant aux garçons, on
ne conserve ni les chétifs ni les mal formés bien entendu.
Une
simple bassine disposée prés du lit de l’accouchée, le père a droit de
vie ou de mort sur ses enfants, que ce soit à la naissance ou tout au
long de sa vie.
Mais revenons à notre histoire. Je disais donc.
Malgré le sort de vierge éternelle promis à la belle Rhéa, le dieu Mars
en tombe éperdument amoureux. Pas de bol Amulius .
De leur idylle
naissent deux jumeaux : Romulus et Remus. Fou de rage en apprenant la
nouvelle (oui, secret story n’a rien inventé, l’indélicatesse est déjà
de mise dans l’antiquité), Le roi ordonne que l’on emmure la vestale et
que les nourrissons soient jetés dans le Tibre.
Les enfants sont
abandonnés dans une fondrière, sur les rives du fleuve en crue, par les
serviteurs charges de la sentence, pensant bien que nul moyen ne leur
permettrait d’échapper à leur sort. Voici une fois encore une preuve
tangible qui accrédite l’adage: on est jamais si bien servi que par
soi-même.
Mais une louve, attirée par leurs pleurs les recueille
et les allaite. Ceci nous le savons tous. Elle les transporte jusqu’à une
grotte nommée Lupercal, au pied du mont Palatin, qui deviendra par la
suite un lieu sacré encore de nos jours.
Par la suite, un berger,
Faustulus, sera témoin du prodige. Contre toute attente c’est dans la
douceur que celui-ci s’empare des deux enfants, les recueille chez lui
et les élève.
Ce brave homme vit en compagnie d’une ancienne
prostituée appelée Acca Larentia, surnommée la Louve par les bergers des
environs en mémoire des faveurs généreuses dispensées par cette
dernière. Il n’y a rien d’incorrect à cette époque à s’accompagner d’une
prostituée. Aucune moralité chrétienne, rappelons le, ne fait passer
ses filles pour des résidus de sous classe. Se prostituer est un métier
comme un autre, ni plus ni moins, hors mariage bien évidemment.
Mais
on ne peut qu’être frappés par la similitude du surnom de Luppa (la
Louve) avec la légende qui veut que ses deux enfants soient recueillis
par une même louve. Seulement rien ne peut encore accréditer l’hypothèse
qu’il s’agisse bien de cette femme qui ait recueillie les jumeaux et
non un animal. Nous restons donc dans le cadre du mythe.
Devenus adultes, Romulus et Remus décident de fonder une ville. Pourquoi pas ?
Mais
ils ne parviennent pas à décider celui des deux qui donnera son nom à
la ville nouvelle, aussi ils s’en remettent aux augures comme cela est
pratique courante à cette période. Remus est le premier à apercevoir six
vautours voler dans le ciel. Cependant presque aussitôt Romulus en voit
douze. Dilemme : Nous voici avec Remus qui a à son avantage la primauté
de l’augure alors que Romulus en a le nombre le plus important. Ce sera
finalement ce nombre qui l’emportera et Romulus est désigné.
Bien vite celui-ci s’attèle a la tache. Alors il trace le pomœrium,
sillon sacré délimitant la ville, soulevant pour ce faire l’araire pour
ménager des portes et suant sang et eau d’application à la besogne.
Son
frère, pour se moquer de la faiblesse de la ville nouvelle, franchit
d’un pas ce rempart symbolique. Ce n’est pas joli d’être mauvais
perdant, et ce n’est visiblement pas du goût de Romulus non plus.
Aussitôt l’entrepreneur tue son frère en songeant à l’adage : Insociable regnum que
nous traduisons littéralement par « le pouvoir ne se partage pas ».
Romulus marque aussi pas cette action et de façon fort symbolique,
l’intransigeance sourcilleuse de Rome face à toute incursion
malveillante.
Ce rite fondateur est suivi d’une série d’événements
qui doivent servir au peuplement initial de Rome. La ville de Romulus
devient vite un lieu de refuge pour les esclaves en fuite et les hommes
libres qui souhaitent changer d’existence. Ainsi se peuple-t-elle
rapidement.
Seulement voila, elle manque singulièrement de femmes.
Une pénurie si cruelle qu’elle condamne le projet d’expansion ou
simplement dans sa continuité naturelle. Romulus fait des tentatives de
mariages auprès des « villes » avoisinantes, mais ces démarches se
soldent par un échec. Il ne se confronte qu’à des réactions de mépris ou
pire de non-recevoir.
Ne reste qu’une alternative : voler des femmes !
Le
roi de Rome prétexte alors la découverte fortuite d’un autel consacré à
Neptune pour instaurer une fête, la « Consualia » à laquelle il convie
les Sabins et peuples de plusieurs « villes ». Grossière manipulation me
direz-vous. Certes, mais lorsqu’il s’agit de boire et de manger, ces
deux actions faisant appel à l’instinct primaire de l’homme et mettant
donc leur intellect en veille, tous acceptent l’invitation cordiale.
Pêché de chair quand tu nous tiens…
Ainsi tous les habitants de
Caenina, Crustumerium, Antemnae sont présents en ce 18 août. Tandis que
l’attention des hommes est détournée par les festivités, les femmes sont
enlevées par surprise. Comment est-ce possible ? Simplement car
contrairement aux idées reçues, les femmes n’étaient pas conviées à la
table des hommes dans l’antiquité, sauf à de rares exceptions et dans
des conditions bien spécifiques.
Il est encore difficile de savoir
le nombre d’enlèvements, les théories s’échelonnent de trente à prés de
huit cent femmes. Il semble plus vraisemblable néanmoins de se baser
sur huit cent plutôt que trente.
Il est précisé cependant
qu’aucune des filles ainsi enlevées n’était mariée à l’exception de
Herilie qui fut capturée par erreur et devient l’épouse de Romulus.
Quoiqu’il
en soit, suite à l’enlèvement des sabines le roi sabin Titus Tatius est
furieux et entre en guerre contre Rome. Romulus reçoit pour sa part le
secours du chef étrusque Coelius Vibenna qui s’installe sur une colline
qui gardera son nom.
A la suite des combats et face à une
incapacité de légiférer un vainqueur, Rome et les Sabins déclarent la
paix et décident simplement de partager le pouvoir entre Titus Tatius et
Romulus.
Ainsi en est la légende de la création de Rome…
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